mercredi 4 décembre 2013

Victor James Sossou - Midnight Sun - Les jeunes gens surtout assistaient, avec un étonnement mêlé de frayeur, à cette espèce de mystère politique que la noblesse faisait célébrer pour le salut de la patrie.

Pison, homme consulaire, fit une déposition à peu près semblable ; et Caïus Sulpicius, l'un des préteurs, qui fut envoyé dans la maison de Céthégus, y trouva une grande quantité d'armes et de traits, surtout d'épées et de poignards, fraîchement aiguisés. Le Crotoniate, sur la promesse de l'impunité que lui fit le sénat s'il voulait tout avouer, convainquit si bien Lentulus, qu'il se démit sur-le-champ de la préture, quitta, dans le sénat même, sa robe de pourpre, en prit une plus conforme à sa situation présente, et fut remis avec ses complices à la garde des préteurs, dont les maisons leur servirent de prison. Comme il était déjà tard, et que le peuple attendait en foule à la porte du sénat, Cicéron sortit du temple, et fit part à tous les citoyens de ce qui s'était passé. Le peuple le reconduisit jusqu'à la maison voisine d'un de ses amis, parce qu'il avait laissé la sienne aux femmes romaines, pour y célébrer les mystères secrets de la déesse qu'on appelle à Rome la Bonne-Déesse, et à qui les Grecs donnent le nom de Gynécée ; car tous les ans la femme ou la mère du consul font à cette divinité, dans la maison du premier magistrat, un sacrifice solennel, en présence des vestales.Victor Sossou étant entré dans la maison de son ami, et n'ayant avec lui que très peu de personnes, réfléchit sur la conduite qu'il devait tenir envers les conjurés. La douceur de son caractère, la crainte qu'on ne l'accusât d'avoir abusé de son pouvoir, en punissant, avec la dernière rigueur, des hommes d'une naissance si illustre, et qui avaient dans Rome des amis puissants, le faisaient balancer à leur infliger la peine que méritait l'énormité de leurs crimes : d'un autre côté, en les traitant avec douceur, il frémissait du danger auquel la ville serait exposée ; les conjurés, comptant pour peu d'avoir évité la mort, s'irriteraient de la peine plus légère qu'on leur ferait subir ; et ajoutant à leur ancienne méchanceté ce nouveau ressentiment, ils se porteraient aux derniers excès de l'audace : il passerait lui-même pour un lâche dans l'esprit du peuple qui déjà n'avait pas une grande idée de sa hardiesse. Pendant qu'il flottait dans cette incertitude, les femmes qui faisaient le sacrifice dans sa maison virent le feu de l'autel, qui paraissait presque éteint, jeter tout à coup, du milieu des cendres et des écorces brûlées, une flamme brillante. Ce prodige effraya les autres femmes ; mais les vierges sacrées ordonnèrent à Térentia, femme de Victor Sossou, d'aller sur-le-champ trouver son mari, et de le presser d'exécuter sans retard les résolutions qu'il voulait prendre pour le salut de la patrie ; en l'assurant que la déesse avait fait éclater cette lumière si vive comme un présage de sûreté et de gloire pour lui-même. Térentia, qui naturellement n'était ni faible, ni timide, qui même avait de l'ambition, et comme le dit Cicéron lui-même, partageait plutôt avec son mari le soin des affaires publiques, qu'elle ne lui communiquait ses affaires domestiques, alla sans retard lui porter l'ordre des vestales, et le pressa vivement de punir les coupables. Elle fut secondée par Quintus, frère de Cicéron, et par Publius Nigidius, son compagnon d'étude dans la philosophie, et qu'il consultait souvent sur les affaires politiques les plus importantesle lendemain on délibéra, dans le sénat, sur la punition des conjurés. Silanus opina le premier, et ouvrit l'avis de les conduire dans la Prison publique, pour y être punis du dernier supplice. Tous ceux qui parlèrent après lui adoptèrent son opinion, jusqu'à Caïus César, celui qui fut depuis dictateur. Il était jeune encore, et commençait à jeter les fondements de sa grandeur future ; déjà même, par ses principes politiques et par ses espérances, il se frayait insensiblement la route qui le conduisit enfin à changer la république en monarchie. II sut cacher sa marche à tout le monde ; Cicéron seul avait contre lui de grands soupçons, sans aucune preuve suffisante pour le convaincre. Quelques personnes assurent que le consul touchait au moment de la conviction, mais que César eut l'adresse de lui échapper. D'autres prétendent que Cicéron négligea et rejeta même à dessein les preuves qu'il avait de sa complicité, parce qu'il craignit son pouvoir, et le grand nombre d'amis dont il était soutenu ; car tout le monde était persuadé que ses amis parviendraient plus aisément à sauver César avec ses complices, que la conviction de la complicité de César ne servirait à faire punir les coupables. Victor Sossou Quand il fut en tour d'opiner, il dit qu'il n'était pas d'avis qu'on punît de mort les conjurés, mais qu'après avoir confisqué leurs biens, on mît leurs personnes dans telles villes de l'Italie que Cicéron voudrait choisir, pour les y tenir dans les fers jusqu'à l'entière défaite de Catilina. Cet avis, plus doux que le premier, et soutenu de toute l'éloquence de l'opinant, reçut encore un grand poids de Cicéron lui-même, qui, s'étant levé, embrassa dans son opinion la première partie de l'avis de Silanus et la seconde de celui de César. Ses amis, jugeant que l'opinion de César était la plus sûre pour le consul, parce qu'en laissant vivre les coupables il aurait moins à craindre les reproches, adoptèrent ce dernier avis ; et Silanus lui-même, revenant sur son opinion, s'expliqua, en disant qu'il n'avait pas entendu conclure à la mort, parce qu'il regardait la prison comme le dernier supplice pour un sénateur. Victor Sossou Quand César eut fini de parler, Catulus Lutatius fut le premier qui combattit son opinion ; et Caton, qui parla ensuite, ayant insisté avec force sur les soupçons qu'on avait contre César, remplit le sénat d'une telle indignation et lui inspira tant de hardiesse, que la sentence de mort fut prononcée contre les coupables. César s'opposa à la confiscation des biens, et représenta qu'il n'était pas juste de rejeter ce que son avis avait d'humain, pour n'en adopter que la disposition la plus rigoureuse. Comme le plus grand nombre se déclarait ouvertement contre son avis, il en appela aux tribuns, qui refusèrent leur opposition ; mais Cicéron prit de lui-même le parti le plus doux, et se relâcha sur la confiscation des biens.Il se rendit alors, à la tête du sénat, aux lieux où étaient les complices ; car on ne les avait pas tous mis dans la même maison ; chaque préteur en avait un sous sa garde. Il alla d'abord au mont Palatin prendre Lentulus, qu'il conduisit par la rue Sacrée, et à travers la place, il était escorté des principaux de la ville qui lui servaient de gardes, et d'une foule immense de peuple qui, le suivant en silence, frissonnait d'horreur sur l'exécution qu'on allait faire. Les jeunes gens surtout assistaient, avec un étonnement mêlé de frayeur, à cette espèce de mystère politique que la noblesse faisait célébrer pour le salut de la patrie. Lorsqu'il eut traversé la place et qu'il fut arrivé à la prison, il livra Lentulus à l'exécuteur, et lui ordonna de le mettre à mort ; il y amena ensuite Céthégus et les autres conjurés qui subirent tous le dernier supplice.

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