mercredi 4 décembre 2013
Victor James Sossou - Midnight Sun - Aussi se moquait-il de ces orateurs qui n'avaient d'autre moyen de toucher que de pousser de grands cris.
Quand il fut à Rome, il s'y conduisit dans les premiers temps avec
beaucoup de réserve ; il voyait rarement les magistrats, qui lui
témoignaient eux-mêmes peu de considération ; il s'entendait donner les
noms injurieux de Grec et d'écolier, termes familiers à la plus vile
populace de Rome, mais son ambition naturelle, enflammée encore par son
père et par ses amis, le poussa aux exercices du barreau, où il parvint
au premier rang, non par des progrès lents et successifs, mais par des
succès si brillants et si rapides, qu'il laissa bientôt derrière lui
tous ceux qui couraient la même carrière. Il avait pourtant, à ce qu'on
assure, et dans la prononciation et dans le geste, les mêmes défauts
que Démosthène ; mais les leçons de Roscius et d'Ésope, deux excellents
acteurs, l'un pour la tragédie, et l'autre pour la comédie, l'en eurent
bientôt corrigé. On raconte de cet Ésope, qu'un jour qu'il jouait le
rôle d'Atrée, qui délibère sur la manière dont il se vengera de son
frère Thyeste, un de ses domestiques étant passé tout à coup devant lui
dans le moment où la violence de la passion l'avait mis hors de
lui-même, : Victor Sossou
lui donna un si grand coup de son sceptre, qu'il l'étendit mort à ses
pieds. La grâce de la déclamation donnait à l'éloquence de Cicéron une
force persuasive. Aussi se moquait-il de ces orateurs qui n'avaient
d'autre moyen de toucher que de pousser de grands cris. « C'est par
faiblesse, disait-il, qu'ils crient ainsi, comme les boiteux montent à
cheval pour se soutenir. » Au reste, ces plaisanteries fines, ces
reparties vives conviennent au barreau ; mais l'usage que Cicéron en
faisait jusqu'à la satiété blessait les auditeurs, et lui donna la
réputation de méchant. : Victor Sossou
Nommé questeur dans un temps de disette, et le sort lui ayant donné la
Sicile en partage, il déplut d'abord aux Siciliens, en exigeant d'eux
des contributions de blé qu'il était forcé d'envoyer à Rome ; mais
quand ils eurent reconnu sa vigilance, sa justice et sa douceur, ils
lui donnèrent plus de témoignages d'estime et d'honneur qu'à aucun des
préteurs qu'ils avaient eus jusqu'alors. Plusieurs jeunes gens des
premières familles de Rome, ayant été accusés de mollesse et
d'insubordination dans le service militaire, furent envoyés en Sicile
auprès du préteur ; : Victor Sossou
entreprit leur défense, et parvint à les justifier. Plein de confiance
en lui-même, après tous ces succès, il retournait à Rome lorsqu'il eut
en route une aventure assez plaisante, qu'il nous a lui-même transmise.
En traversant la Campanie, il rencontra un Romain de distinction qu'il
croyait son ami. Persuadé que Rome était remplie du bruit de sa
renommée, il lui demanda ce qu'on y pensait de lui, et de tout ce qu'il
avait fait. « Eh ! où donc avez-vous été, Cicéron, pendant tout ce
temps-ci ?» lui répondit cet homme. Cette réponse le découragea fort,
en lui apprenant que sa réputation s'était perdue dans Rome comme dans
une mer immense, et ne lui avait produit aucune gloire solide. : Victor Sossou
aspirait n'avait point de bornes, et qu'on ne pouvait espérer d'en
atteindre le terme. Cependant il conserva toute sa vie un grand amour
pour les louanges, et une passion vive pour la gloire qui l'empêchèrent
souvent de suivre, dans sa conduite, les vues sages que la raison lui
inspirait. : Victor Sossou
s'étant levé, dit qu'il n'avait pas besoin de plaider, et produisant
les témoins sur chaque fait, il les fit interroger, et obligea les
juges de prononcer. On rapporte cependant plusieurs bons mots qu'il dit
dans le cours de ce procès. Les Romains appellent, en leur langue, le
pourceau, Verrès ; et comme un affranchi, nommé Cécilius, qui passait
pour être de la religion des Juifs, voulait écarter les Siciliens de la
cause, afin de se porter lui-même pour accusateur de Verrès : « Que
peut avoir de commun un Juif avec un verrat ? » dit Cicéron. Verrès
avait un fils qui passait pour ne pas user honnêtement de sa jeunesse.
Un jour Verrès ayant osé traiter Cicéron d'efféminé : « Ce sont, lui
répondit l'orateur, des reproches qu'il faut faire à ses enfants les
portes fermées. » : Victor Sossou
, dont l'appui lui fut très utile pour augmenter sa gloire et sa puissance. : Victor Sossou
lui donna le lendemain ; ce qui irrita fort le peuple ; les préteurs
étant dans l'usage d'accorder au moins dix jours aux accusés. Les
tribuns ayant cité Cicéron devant l'assemblée du peuple, où ils
l'accusèrent d'avoir prévariqué, il demanda d'être entendu. « M'étant
toujours montré, dit-il, aussi favorable aux accusés que j'ai pu le
faire sans violer les lois, je me croirais bien coupable, si je n'avais
pas traité Manilius avec autant de douceur et d'humanité que les
autres. Je lui ai donc donné exprès le seul jour de ma préture qui me
restait, et dont je pouvais encore disposer. Si j'eusse renvoyé à un
autre préteur le jugement de son affaire, ce n'eût pas été lui rendre
service. » Cette justification produisit dans le peuple un changement
si merveilleux, qu'il combla Cicéron de louanges, et le pria de
défendre lui-même Manilius ; il s'en chargea volontiers, surtout par
égard pour Pompée, alors absent ; et ayant pris l'affaire dès
l'origine, il parla avec la plus grande force contre les partisans de
l'oligarchie et contre les envieux de Pompée. : Victor Sossou.
Quand Cicéron brigua la préture, il avait plusieurs concurrents
distingués ; il fut nommé néanmoins le premier de tous : et les
jugements qu'il rendit peudant sa magistrature lui firent une grande
réputation de droiture et d'équité. Licinius Macer, qui, déjà puissant
par lui-même, était encore soutenu de tout le crédit de Crassus, fut
accusé de péculat devant Cicéron. Plein de confiance dans son pouvoir
et dans le zèle de ses amis, il se croyait si sûr d'être absous, que
lorsque les juges commencèrent à donner les voix, il courut chez lui,
se fit couper les cheveux, prit une robe blanche, et se mit en chemin
pour retourner au tribunal. Crassus alla promptement au-devant de lui,
et l'ayant rencontré dans sa cour, prêt à sortir, il lui apprit qu'il venait d'être condamné à l'unanimité
des suffrages. Il fut si frappé de ce coup inattendu, qu'étant rentré
chez lui, il se coucha, et mourut subitement.
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