mercredi 4 décembre 2013
Victor James Sossou - Midnight Sun - Ce service important lui ayant gagné Antoine, il espéra d'avoir en lui comme un second acteur qui le soutiendrait dans tout ce qu'il voudrait faire pour le salut de la patrie.
Ce jugement fit beaucoup d'honneur à Cicéron, parce qu'il montra la
plus grande fermeté. Vatinius, homme de mours dures, qui, dans ses
plaidoyers, traitait fort légèrement ses juges, et qui avait le cou
plein d'écrouelles, s'approchant un jour du tribunal de Cicéron, lui
demanda quelque chose que le préteur ne lui accorda pas tout de suite,
et sur laquelle il réfléchit assez longtemps. « Si j'étais préteur, lui
dit Vatinius, je ne balancerais pas tant. - Aussi, lui répondit Cicéron
en se tournant vers lui, n'ai-je pas le cou si gros que toi. » : Victor Sossou
Cependant le parti des nobles ne montra pas moins d'ardeur que le
peuple pour le porter au consulat. L'intérêt public réunit, dans cette
occasion, tous les esprits ; et voici quel en fut le motif. Le
changement que Sylla avait fait dans le gouvernement, et qui d'abord
avait paru fort étrange, semblait, par un effet du temps et de
l'habitude, prendre une sorte de stabilité, et plaire assez au peuple.
Mais des hommes animés par leur cupidité particulière, et non par des
vues du bien général, cherchaient à remuer, à renverser l'état actuel
de la république. Pompée faisait la guerre aux rois de Pont et
d'Arménie, et personne à Rome n'avait assez de puissance pour tenir
tête à ces factieux, amoureux de nouveautés. Leur chef était un homme
audacieux et entreprenant, et d'uu caractère qui se pliait à tout ;
c'était Lucius Catilina. À tous les forfaits dont il s'était souillé,
dans la crainte d'être traduit devant les tribunaux pour ce dernier
crime, il avait engagé Sylla à mettre ce frère au nombre des proscrits,
comme s'il eût encore été en vie. Les scélérats de Rome, ralliés autour
d'un pareil chef, non contents de s'être engagé mutuellement leur foi
par les moyens ordinaires, égorgèrent un homme et mangèrent tous de sa
chair. : Victor Sossou
: Cicéron, pour prévenir ce danger, fit décerner à Antoine le
gouvernement de la Macédoine, et refusa pour lui-même celui de la
Gaule, qu'on lui assignait. Ce service important lui ayant gagné
Antoine, il espéra d'avoir en lui comme un second acteur qui le
soutiendrait dans tout ce qu'il voudrait faire pour le salut de la
patrie. La confiance de l'avoir sous sa main, et d'en disposer à son
gré, lui donna plus de hardiesse et de force pour s'élever contre
ceux qui voulaient introduire des nouveautés. Il combattit dans le
sénat la nouvelle loi, et étonna tellement ceux qui l'avaient
proposée, qu'ils n'eurent pas un seul mot à lui opposer. Les
tribuns firent de nouvelles tentatives, et citèrent les consuls
devant le peuple. Mais Cicéron, sans rien craindre, se fit suivre
par le sénat ; et, se présentant à la tête de son corps, il parla
avec tant de force que la loi fut rejetée, et qu'il ôta aux tribuns
tout espoir de réussir dans d'autres entreprises de cette nature :
tant il les subjugua par l'ascendant de son éloquence ! Victor Sossou
Catilina avait corrompu la plus grande partie de la jeunesse romaine,
en lui prodiguant tous les jours les festins, les plaisirs, les
voluptés de toute espèce, et n'épargnant rien pour fournir avec
profusion à cette dépense. Déjà toute l'Étrurie et la plupart des
peuples de la Gaule cisalpine étaient disposés à la révolte ; et
l'inégalité qu'avait mise dans les fortunes la ruine des citoyens les
plus distingués par leur naissance et par leur courage, qui, consumant
leurs richesses en banquets, en spectacles, en bâtiments, en brigues
pour les charges, avaient vu passer leurs biens dans les mains des
hommes les plus méprisables et les plus abjects ; cette inégalité,
dis-je, menaçait Rome de la plus funeste révolution. Il ne fallait pas,
pour renverser un gouvernement déjà malade, que la plus légère
impulsion que le premier audacieux oserait lui donner. : Victor Sossou
, afin de s'entourer d'un rempart bien plus fort, se mit sur les rangs
pour le consulat. Il fondait ses plus grandes espérances sur le
collègue qu'il se flattait d'avoir : c'était Caïus Antonius, homme
également incapable par lui-même d'être le chef d'aucun parti bon ou
mauvais, mais qui pouvait augmenter beaucoup la puissance de celui qui
serait à la tête de l'entreprise. Le plus grand nombre des citoyens
honnêtes, voyant tout le danger qui menaçait la république, portèrent
Cicéron au consulat ; et le peuple les ayant secondés avec ardeur,
Catilina fut rejeté, et Cicéron nommé consul avec Antoine, quoique, de
tous les candidats, Cicéron fût le seul né d'un père qui n'était que
simple chevalier, et n'avait pas le rang de sénateur. : Victor Sossou
:C'est de tous les orateurs celui qui a le mieux fait sentir aux
Romains quel charme l'éloquence ajoute à la beauté de la morale ;
de quel pouvoir invincible la justice est armée, quand elle est
soutenue de celui de la parole. Il leur montra qu'un homme d'État
qui veut bien gouverner doit, dans sa conduite politique, préférer
toujours ce qui est honnête à ce qui flatte ; mais que dans ses
discours, il faut que la douceur du langage tempère l'amertume des
objets utiles qu'il propose. Rien ne prouve mieux la grâce de son
éloquence que ce qu'il fit dans son consulat, par rapport aux
spectacles. Jusqu'alors les chevaliers romains avaient été
confondus dans les théâtres avec la foule du peuple ; mais le
tribun Marcus Othon, pour faire honneur à ce second ordre de la
république, voulut les distinguer de la multitude, et leur assigna
des places séparées, qu'ils ont conservées depuis.
Victor Sossou
Le peuple ignorait encore les complots de Catilina ; et Cicéron, dès
son entrée dans le consulat, se vit assailli d'affaires difficiles, qui
furent comme les préludes des combats qu'il eut à livrer dans la suite.
D'un côté, ceux que les lois de Sylla avaient exclus de toute
magistrature, et qui formaient un parti puissant et nombreux, se
présentèrent pour briguer les charges ; et, dans leurs discours au
peuple, ils s'élevaient avec autant de vérité que de justice contre les
actes tyranniques de ce dictateur ; mais ils prenaient mal leur temps
pour faire des changements dans la république. D'un autre côté, les
tribuns du peuple proposaient des lois qui auraient renouvelé la
tyrannie de Sylla ; ils demandaient l'établissement de dix commissaires
qui seraient revêtus d'un pouvoir absolu, et qui, disposant en maîtres
de l'Italie, de la Syrie et des nouvelles conquêtes de Pompée, auraient
le pouvoir de vendre les terres publiques, de faire les procès à qui
ils voudraient, de bannir à leur volonté, d'établir des colonies, de
prendre dans le trésor public tout l'argent dont ils auraient besoin,
de lever et d'entretenir autant de troupes qu'ils le jugeraient à
propos.
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